Emmanuelle et Michel
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- Published on Friday, 19 August 2011 22:10
Michel et Emmanuelle est un couple belge qui vivait proche de la frontière française, aux alentours de Tournais. Là, ils s'étaient fixés avec leurs deux jeunes filles dans une maison qu'ils avaient achetée. Par choix, ils s'étaient constitué un potager bien entretenu qui les rendaient autonomes en légumes.
Malheureusement, ils ont découvert que l'activité de la cimenterie proche de chez eux contaminait leur propre sol, rendant leurs cultures plus nocives que ce qu'il pouvait acheter au supermarché. Un comble pour le couple qui souhaitait gagner en autonomie.
Les autorisations de brûler des déchets « banals » (carcasses animales, pneus…) et, depuis la fin des années 90, de brûler (« valoriser ») des déchets « toxiques et dangereux » dans le processus de fabrication du ciment sont à blâmer. Comme le couple a pu le prouver à l'aide de relevés géologiques, la combustion de ces déchets entraîne une pollution des sols anormale, notamment par des métaux lourds, que l'on retrouve également dans le produit fini.
Leur histoire qui finit bien
Après avoir lutté contre la cimenterie par l'action associative – organisation de conférences, manifestations, information – pendant plus de trois ans, ils ne sont pas parvenus à une solution satisfaisante. Pire, la seule solution apparemment envisageable – délocaliser la cimenterie dans un pays ou une région aux législations plus « clémentes », a fini par leur faire peur. En effet, le NIMYG – « Not In MY Garden »¹ – leur semblait tout simplement absurde : pourquoi envoyer ses propres problèmes ailleurs, et se satisfaire de cette situation ?
Ils ont donc décidé de déménager, et de continuer à informer les gens à travers des conférences, la rédaction d'un petit livre², et leur chantier participatif. Ils sont donc arrivés à Éourres, à vélo, où ils ont emménagé au village, se sont reconstitué un jardin, et ont réfléchi à leur projet.
Après avoir essayé plusieurs pistes et formules de formation, ils sont aujourd'hui arrivés à une structure stable, sans pour autant être gravée dans le marbre, pour leur association Liens, Enseignements, Sens et Autonomie.
L'association et les formations
Emmanuelle et Michel, à travers leur association Liens, Enseignements, Sens et Autonomie, proposent des formations dans divers domaines : l'agriculture biologique, l'auto-construction, l'autonomie, le développement culturel, le développement personnel et la reconversion professionnelle (« changement de vie »).
Plusieurs formules, de plus en plus professionnelles, visent à permettre au plus grand nombre de participer.
Ainsi les personnes intéressées peuvent venir pour un an en stage, pour un projet personnel et pour prendre le temps de se familiariser avec diverses activités. Ils vivent alors en communauté avec les autres stagiaires, avec un suivi et un encadrement personnels de la part Emmanuelle et Michel.
Les stagiaires peuvent apprendre comment installer et entretenir un compost, comment construire des toilettes sèches, un poêle de masse, un four à pain etc. Ainsi, les toilettes sèches en dehors de la maison des stagiaires ont été construites en chantier participatif.
Dans le jardin, chacun aura une petite parcelle et ensemble ils apprennent comment la gérer, quelles sont les particularités des légumes, les plans fruitiers, etc. Pour leur jardin, ils reçoivent des graines et doivent les restituer à la fin du stage. Cette année il y avait plusieurs chantiers, parmi lesquels l'installation d'une éolienne qui approvisionnera la maison en paille en électricité. Un canal a été creusé afin de pouvoir arroser le jardin qui se trouve en bas du village. Des soirées de films, des discussions et des lectures sont également intégrées à ce programme. Chacun peut également choisir son domaine particulier, faire ses propres projets, acquérir des connaissances selon ses intérêts.
L'objectif est d'accompagner les gens, mais avec un grand aspect d'autonomie. « Nous voudrions les soutenir dans leurs projets de vie, en faire des projets qui tiennent, des projets viables. » En toute liberté les gens viennent s'installer là, ayant beuacoup de temps pour leurs propres idées mais aussi en lien avec les autres stagiaires, Michel et Emmanuelle et les autres habitants du voyage. Quelques-uns nous ont raconté qu'ils ont envie de monter leur petite vie là-bas.
Mais il est également possible de venir pour une semaine sur des ateliers spécifiques : greffes de plantes, construction d'une éolienne, de toilettes sèches. C'est aussi le cas des wwoofers³, comme nous l'avons été pour une semaine, qui viennent pour une durée libre aider à l'un ou l'autre chantier.
Bientôt, il sera également possible de venir en formation quatre semaines dans l'année, donc parallèlement à une activité professionnelle.
Toutes ces offres sont adaptées aux participants – les gens viennent pour une activité en particulier – et leur apportent des connaissances, tout en favorisant la reconnaissance des techniques enseignées, la construction à base de paille par exemple.
¹ « pas dans mon jardin » : expression visant à dire que l'on accepte les choses tant qu'elles ne nous touchent pas directement, ici, tant que la cimenterie ne pollue pas mon jardin.
² Emmanuelle et Michel Philippo : « Comment passer de la toxicité du ciment à l’auto-construction à partir de matériaux issus de la nature: paille, terre, bois, osier, roseaux, gravier, … ». Se procurer le livre.
³ WWOOF: World-Wide Opportunities in Organic Farms () – un mode d'échange dans lequel des volontaires nourris et logés aident aux tâches d'une exploitation agricole biologique, ou encore ici à un chantier de construction. C'est ce que nous avons fait pendant une semaine au mois d'août chez Emmanuelle et Michel.