Éourres, village d'alternatives

Éourres, village d'alternatives. C'est le slogan qu'on peut découvrir sur le site internet officiel du village. Et c'est une de ces alternatives, le chantier participatif de la construction d'une maison verte, qui nous a appris l'existence de ce petit village du département des Hautes-Alpes (05).

150 habitants sont logés dans des maisons d'âge et de décoration divers, et l'on parcoure le village de bout en bout en à peine quinze minutes à pied. Au centre, la mairie (mitoyenne de nombreuses maisons), dont l'occupante, Caroline, est là depuis le début. Un des maraîchers du village, Gérard, est là depuis la « deuxième vague d'immigration » de 1983. La première était venue avec la Communauté du JAS en 1968. La population d'Éourres a connu des pics, des hauts et des bas, et est aujourd'hui en augmentation régulière.

À l'entrée du village, il y a un parking pour les visiteurs. En suivant la route on arrive tout de suite à la mairie, face à laquelle on trouve un grand tableau où chacun peut noter des covoiturages, des manifestations culturelles, des réunions, etc. À quelques pas de la mairie, la placette du centre et sa fontaine – qui tire son eau de la source qui alimente tout le village – sont un véritable lieu de rencontre où l'on croise les uns et les autres, où l'on s'arrête pour discuter, prendre des nouvelles. À peine arrivés, nous saluons déjà tous les gens qui croisent notre route, sans les connaître encore.

Un village agricole

De très nombreux jardins ornent les bords de route et les champs qui entourent le village, où l'on cultive toutes sortes de légumes et de fruits.

Gérard est le plus gros producteur, possédant aussi des champs dans un village voisin, et vend ses produits directement  chez lui. Une grande salle ouverte aurez-de-chaussée, à l'abri de la chaleur grâce aux murs de pierre et à leurs plantes grimpantes, expose les fruits et légumes. Chacun y vient, mais pas de caissier à la sortie : vous notez vous-même ce que vous achetez sur la fiche appropriée, et vous payez à la fin du mois directement à Gérard !

Michel et Emmanuelle, ainsi que leur stagiaires, cultivent aussi de nombreux légumes sur des surfaces importantes, pour leur consommation propre. C'est le cas d'un certain nombre d'autres habitants.

Une bergerie et une chèvrerie sont également implantées au village, où l'on peut acheter des fromages frais délicieux.

Un restaurant, une boutique, un camping à la ferme

Le restaurant, c'est le Lézard Vert. Ouvert seulement un gros mois en été, de mi-juillet à mi-août, mais c'est à cette époque une véritable salle des fêtes où des concerts de musique d'origines diverses, ainsi que de nombreuses soirées, sont organisées presque chaque soir. La journée, le Lézard Vert se transforme  en lieu d'exposition où d'ateliers divers comme de vannerie ou de théâtre. Le reste de l'année, c'est un espace de rencontre et la cantine de l'école d'Éourres ! Les odeurs affriolantes invitent chacun venir déguster les plaisir de la région, composés à partir des produits du village. De plus, Dolinda, une des deux chefs cuisto, approvisionne tout le village avec son pain chaud sortant du four à bois.

Pour acheter divers produits – de soin, alimentaires, de beauté –, la plus petite Biocoop de France vous accueille sur la place du village pendant quatre jours de la semaine !

Le camping à la ferme, une grande pelouse avec une cuisine et des sanitaires en commun, une grand table et des bancs en bois, propose les produits de la ferme commune.

Un concept de démocratie participative et de confiance

Tous les premiers lundis du moins se tient une réunion pour discuter et décider ensemble des choses du village. Selon Caroline, la mairie a plutôt le rôle de l'exécutif qu'un rôle décisif. De temps en temps, des journées participatives de nettoyage et d'entretien réunissent tous les habitants du village. Des repas communs sont aussi organisés.

Un cyber-café, séparé de la rue par une simple tenture, est ouvert quasiment 24h/24 et à tout le monde. Il est entretenu par des bénévoles, mais le plus gros se fait tout seul et avec le concours de chacun. Par contre, il y a des fortes contraintes vis-à-vis de la vie en ligne de monsieur et madame Tout-le-monde : la consommation d'Internet (forfait satellite), ne peut pas dépasser un total de 4 Go par mois pour tout le village. Pour les partager au mieux, chacun note sa consommation et laisse un petite somme dans la caisse commune. Les vieux ordinateurs ont été récupérés par Michel. Il y a aussi une radio, organisée de manière simple : c'est quelqu'un du village qui met de la musique dans sa maison et la diffuse au cyber-café. Et « si vous n'entendez rien, c'est que nous écoutons le silence ».

L'école associative, créée en 1986, enseigne selon la pédagogie Freinet-Steiner/Waldorf et compte une quinzaine d'enfants dans une classe unique.

Un lieu de création

Yves Michel, éditeur vert

Yves Michel est éditeur indépendant. Il a fait connaissance avec Éourres via Findhorn¹ et les premiers néo-ruraux qui y étaient liés, en 1981.

« Pour moi Éourres est un laboratoire où nous pouvons essayer de nouvelles
valeurs en vrai ; j'y trouve aussi le ressourcement de la nature. »

L'édition écologique existe-t-elle ?

Yves Michel nous a parlé du collectif des éditeurs écolo-compatibles (LESEEC). Les neuf éditeurs membres ont signé une charte où ils obligent entre autres d'imprimer au moins 80% de leurs publications sur du papier recyclable ¿OU RECYCLÉ? et d'imprimer au plus proche du lieu de vente.

Pour plus d'informations, les lecteurs sont invités à découvrir le livre autobiographique qui retrace son parcours.

De nombreuses associations culturelles

On trouve aussi à Éourres de nombreux groupes ; de chant – musique contemporaine et gospel à l'initiative d'Angélique (stagiaire d'Emmanuelle et Michel) ; de réunion autour d'un feu de camp, de spiritualismes divers. Les villages voisins regorgeant aussi de formations et activités en tous genres, il y a tous les jours de nouvelles choses à découvrir dans la région.

Des souvenirs qui restent

Pour la dernière soirée du Lézard Vert, le 20 août, tous les gens du village et quelques voyageurs s'installaient pour manger et danser ensemble. C'est ce qui contribue à l'ambiance chaleureuse de ce lieu et qui va rester dans nos mémoires : ce plaisir de partager, de créer et d'être ensemble, et c'est ce qui fait de ce petit village un petit coin de paradis.

Seulement de passage dans ce lieu vivant des produits de ses habitants, de sa dynamique et de sa créativité, nous aimerions bien y retourner un jour pour participer à d'autres projets et pour voir ce qu'est devenue notre fameuse maison en paille !

 

¹ Findhorn est une localité écossaise où s'est créé un éco-village renommé et la fondation éponyme qui soutient la réalisation de ses projets.