Auto-construction
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- Published on Saturday, 20 August 2011 21:08
Pendant notre semaine de travail en tant que wwoofers auprès d'Emmanuelle et Michel, nous avons principalement aidé au chantier d'auto-construction d'une maison en matériaux naturels, déjà bien avancée.
Michel s'est intéressé depuis plusieurs années à l'auto-construction à partir de matériaux locaux et naturels. À force de chantiers participatifs et de formation en autodidacte, il a accumulé une grande connaissance des matériaux et des modes de construction. La nouvelle maison est aussi une manière de montrer au monde du ciment qu'il est possible, et même préférable, d'utiliser des matériaux naturels.
Quelques explications sur la maison
La maison est faite exclusivement à partir de matériaux naturels : paille, terre, sable, bois… La paille, la terre et le sable sont les éléments essentiels de la structure de la maison.
Les murs sont en fait constitués de simples bottes de pailles (parallélépipédiques) posées les uns sur les autres. La paille a été achetée ou récupérée auprès d'agriculteurs locaux.
Elle va ensuite être recouverte de plusieurs couches de mélanges bien précis. Ces mélanges ont tous quelque chose en commun : la barbotine. La barbotine est un mélange de terre et d'eau qui a macéré dans de l'orge. Les bactéries présentes dans l'orge fermentée vont plus tard « tisser » (réorganiser sa structure interne) l'argile de la terre et rendre les murs plus résistants aux chocs. La terre provient simplement de la mise à niveau du terrain même sur lequel la maison est construite. Une bonne partie peut encore être dégagée, donc la terre ne viendra pas à manquer.
La première couche à poser sur la paille, c'est un mélange de paille et de barbotine : le béton d'argile (sorte de torchis). Plaqué contre la paille, le béton d'argile augmente la résistance mécanique du mur.
La seconde couche est ce qu'on appelle l'enduit de corps. C'est un mélange de barbotine, de paille et de sable. Il faut d'autant plus de sable (gris) que la terre n'en contient pas encore. Cet enduit va donner de l'épaisseur au mur et lisser la surface. Lui aussi solidifie le mur.
Vient ensuite un enduit de finition, qui donne un aspect lisse et esthétique au mur. La paille et l'orge ont disparu de ce mélange, qui est donc exclusivement minérale. Elle va donc servir à l'imperméabilité.
Un dernier enduit de finition peut encore venir s'ajouter pour donner une couleur par exemple, à l'aide de pigments.
Pour l'étage (car il y en a un !), des poutres de bois soutiennent le plancher, et des plaques de bois en constituent le sol. Le support du toit est également fait de bois sur le même modèle, bien que Michel veuille essayer une structure entièrement en chaume (une prochaine fois).
Que des avantages !
De tels murs présentent énormément d'avantages. La paille est un isolant thermique (du fait de l'air qu'elle contient), elle limitera donc les transferts entre intérieur et extérieur de la chaleur (ou de la fraîcheur, suivant les saisons).
Quant à la terre, c'est un régulateur thermique. Du fait qu'elle emmagasine la chaleur et la rediffuse pendant longtemps, une nuit fraîche sera par exemple compensée par la chaleur accumulée par les murs au long de la journée.
Du fait de l'isolation et de la régulation thermiques, on aura en hiver une très bonne conservation de la chaleur, donc besoin de moins d'énergie (quelle qu'elle soit) pour se chauffer. En été, au contraire, la maison gardera une fraîcheur très agréable quand le soleil fait monter le thermomètre.
De plus, la majorité des matériaux étant naturels et locaux, ils n'ont pour ainsi dire rien coûté. Mis à part les fil de fer pour fixer le chaume du toit, les plaques de bois de l'étage et l'outillage, pour un total actuel de 500€, l'ensemble de la construction est issue de la récupération, et donc gratuite.
Pas d'inconvénients ?
On pourrait croire que le plus gros inconvénient de la terre est d'être peu résistant à l'eau. Mais la parade a été trouvée depuis longtemps : il faut des bonnes bottes et un bon chapeau ! Le chapeau d'une maison, c'est le toit qu'on fera ressortir suffisamment pour que les murs ne soient pas directement touchés par la pluie (c'est-à-dire environ 20cm d'écartement par mètre de hauteur). Les bottes se résument en fait à un surélèvement des murs par rapport au sol : les deux terres ne doivent pas se toucher, sinon l'eau remonterait à travers la terre, par capillarité, lors de fortes pluies. C'est le principe des pilotis.
Un inconvénient plus important, ce sont les périodes pendant lesquelles on peut travailler au chantier. En effet, nos mélanges composés en partie d'eau doivent sécher avant les périodes de gel, sinon l'enduit s'effondre. Le temps de séchage étant de plusieurs semaines voire quelques mois, on ne peut poser nos enduits que sur une période de quatre à six mois dans l'année.